Luigi Visconti est un passionné de paysages urbains. Il capture les visages des villes comme un architecte dessinerait une maquette. Avec une extrême précision. Ses photos, prises à la chambre ou au numérique, sont souvent de grande ampleur, permettant au regard de se promener inlassablement.  Luigi Visconti réalise ses premiers grands formats à Abu Dhabi. Il est inspiré par la diversité des styles architecturaux des tours en construction.

Dans sa série Villes Vertige de 2010, il se pose sur les toits de New-York, Dubaï et Shanghai pour dessiner, version grand angle ou panoramique, les contours de ces villes infatigables, tendues toujours plus haut vers le ciel. Des coulisses urbaines graphiques et colorées, une énergie contagieuse, à la Havane (Cuba), dans sa série Villes Vertige 2011, il rapproche son objectif et propose une halte intimiste et idyllique, au coeur des carrefours du centre de la ville. Il photographie des scènes de vie ordinaires dans un décor extraordinaire marqué par le temps, avec son lot de vieilles voitures américaines et de façades décrépies. De près, on s'approprie les étincelles de vie, ici et là, au coin des rues ou aux balcons des fenêtres. De loin, la ville se tient debout, emplie de lumière, cabossée mais belle, et fière de ses lueurs coloniales encore perceptibles.

Paris sous la Neige est une série poétique et mélancolique qui révèle la beauté intrinsèque de Paris, avec le fol espoir de faire croire à une promenade solitaire d'un autre siècle. Paris enneigé, c'est un Paris libéré de sa population de son bruit incessant, effaçant les stigmates d'un XXIème siècle chaotique, pour n'en laisser surgir que l'architecture la plus pure, la plus saillante. C'est le silence et la splendeur d'antan qui sont ici saisis, par le vide de ses grandes artères et de ses carrefours, d'habitude si fréquentés. Paris semblerait endormie si elle n'était pas trahie par quelques détails subtils, presque anachroniques, qui tranchent avec ce calme apparent. La ville, prise entre le blanc éclatant de la neige et le gris d'un ciel morose, n'en ressort que plus douce, plus belle, d'une beauté intemporelle. La Place Vendôme, le Pont Neuf, la Place de la Concorde, et la rue Croix-des-Petits-Champs sont revisités par un amoureux de Paris, qui révèle la ville dans un habit de lumière ouatée.

Cette série de photos de 2013 porte l'empreinte de Luigi Visconti car on y retrouve les angles de vue qui lui sont chers dans ses diverses séries de paysages urbains : carrefours, lignes de fuite, perspectives, grand-angle. Mais Paris sous la neige fait surtout écho à White Silence (2015), une série de clichés des carrières de marbre de Carrara. On y trouve dans l'une comme dans l'autre, la mise en lumière de matériaux bruts, anoblis et ouatés par un silence tout blanc. Avec Carrara, le marbre à l'état brut. Avec Paris, la pierre de taille, le bronze, le bois.

Luigi Visconti s'éloigne ainsi de ses séries précédentes qui montraient les villes en plein mouvement, dans une démesure de couleurs, de vie et de bruit. Paris sous la neige et White Silence correspondent peut-être à une forme d'apaisement de l'artiste, plus attiré désormais par plus de nature et son silence.

Sa toute dernière série, elle, représente un véritable retour aux sources pour l'artiste italien puisqu'il capture les plages de son pays natal en y portant un regard pointu sur le tourisme de masse et la beauté des paysages méditerranéens. Ses photos nous plongent dans une atmosphère estivale, empreinte de nostalgie et de charme.